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Les 100 qui font la ville

2023

Petite, elle ne s’imaginait pas autrement que dans une blouse verte de vétérinaire… L’échec à l’issue de la prépa fut rude. « Au service d’orientation, une conseillère m’a dit que je devrais travailler dans la géographie et faire de l’aménagement du territoire. J’ai trouvé ça ubuesque… », sourit aujourd’hui Stella Gass, tout en saluant la clairvoyance de son interlocutrice d’alors. Maîtrise de géographie à la Sorbonne puis DESS en aménagement du territoire - à Tours - sur la dynamique des paysages et l’organisation des espaces ruraux, l’Alsacienne s’immerge alors dans le Parc naturel régional du Morvan, à la faveur de stages. « J’ai adoré ce territoire. La manière dont sont perçus le développement et les enjeux de de biodiversité, me reste aujourd’hui ». Tout comme cette phrase prononcée par son directeur au sein du département de l’aménagement et de l’environnement de la Région Bourgogne, dans l’élan d’un premier poste : « quelle que soit la fonction dans laquelle vous évoluerez au cours de votre carrière, vous devrez toujours veiller aux enjeux environnementaux »…

®Maxime Huriez-09-PRINT

Le successeur de Boris Ravignon à la présidence-direction générale de l’Ademe, Sylvain Waserman, est diplômé de Telecom Sud Paris (1995), du Theseus International Management Institute (1997) et de l'ENA (2008). Il débute sa carrière en tant qu'ingénieur dans les télécommunications, avant de devenir en 2009 directeur général du réseau GDS – Gaz de Strasbourg où il a œuvré au développement de réseaux de chaleur urbains et à la mise en place de contrats de performance énergétique à l'échelle de quartiers.

Large sourire, franche poignée de main, regard perçant. Laëtitia Vidal est directrice générale de Pierre Passion, mais aussi vice-présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Toulouse Occitanie en charge de la communication et présidente de l’ObserveR de l’immobilier toulousain. A 51 ans, elle incarne un parcours sans faute et décomplexé dans un univers très masculin. « Je me débrouille très bien avec ça ! D’ailleurs, on me dit souvent que je suis un mec comme les autres, je n’ai jamais eu peur de m’imposer dans cet univers », plaisante-t-elle.

© Mairie de Dunkerque

© Hamdi Chref / RATP

« Tête de file d’une génération de concepteurs, il démontre qu’il est possible de réaliser des projets ambitieux, qualitatifs et créatifs dans des territoires faiblement dotés en ingénierie, peu attractifs pour le marché et financièrement contraints » : commentaire particulièrement élogieux du jury du Grand Prix de l’urbanisme 2023 qui a désigné au printemps dernier l’architecte urbaniste Simon Teyssou lauréat dès le premier tour. Jury qui a tenu à « saluer ses travaux, sa pensée et son engagement qui mettent à l’honneur ces espaces souvent modestes, parfois les oubliés de l’urbanisme, qui fondent l’identité de la France et se révèlent être des laboratoires sociétaux, urbains et environnementaux ».

© Alban Van Wassenhove

Docteure en urbanisme et aménagement du territoire, économiste de formation, enseignante à l'Institut d'urbanisme de Grenoble, chercheuse au laboratoire Pacte, Magali Talandier, 48 ans, s'est forgé une stature nationale. Elle est aussi auteure de nombreuses publications et d'ouvrages, pas moins de trois sont sortis au début en 2023. « Je suis sursollicitée, mais c'est tant mieux », lance-t-elle, avec le sourire, et ce petit accent qui ne l'a jamais quittée, celui de Narbonne, sa ville natale.

© H. Lawson-Body

© Ville de Tours

Anna Saint-Pierre fait de la ville, ou plutôt de ses vestiges, le terrain de jeu de son renouveau. Passée par l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de 2012 à 2016, section design textile et matière, elle s’engage ensuite dans le programme doctoral Sciences, arts, création, recherche (SACRe) à l’Université Paris Sciences et Lettres. Elle y soutient en mars 2022 une thèse intitulée « Textiliser la mémoire bâtie, par la réutilisation in situ des gravats », sous la co-direction de Jean-François Bassereau, Aurélie Moss et Éric de Thoisy. Cette thèse CIFRE, subventionnée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a été développée avec l’agence d’architecture SCAU.

Un polytechnicien, encore un… Il n’est pas rare d’en rencontrer dans les colonnes de Traits urbains. Mais celui-ci a mis son efficience intellectuelle au service de la création urbaine. Ancien élève de l’X donc, mais aussi ingénieur des Ponts et chaussées et architecte DPLG, Thomas Richez crée son agence en 1985 avec Edouard François et Bertrand Rubus, dans une approche globale : d’emblée, il s’intéresse à la fois à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage. S’ensuivront la conception de trois tours à Euralille, de l’ambassade de France à Singapour, d’une ville nouvelle en Malaisie, du quartier des Grisettes à Montpellier, mais aussi de projets de mobilités, domaine dans lequel l’agence fait référence. La liste est longue : les tramways du Mans, d’Orléans, de Brest, de Tours, de Casablanca, d’Angers, des pôles d’échange à La Baule ou Lens, des centres de maintenance à Bordeaux ou Champigny, mais encore la gare de Massy-Palaiseau du Grand Paris Express.

La terre crue colle aux semelles de l’architecte franco-marocaine Nadya Rouziem Labied. Praticienne depuis 2003, elle travaille dans diverses agences durant quatorze ans mais sans réelle satisfaction intellectuelle car « dans l’architecture, c’est l’aspect recherche qui [l]’intéresse le plus ». En 2016, Nadya Rouizem décide donc de reprendre ses études à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : après un post-master elle s’inscrit en doctorat. Le titre de sa thèse, lauréate de la bourse de la Caisse des Dépôts pour la recherche en architecture : « Modernisation de l’architecture en terre au Maroc 1960-1973 : expérimentations et devenir ».

Crédits JeanMaurice Chacun

Un polytechnicien, encore un… Il n’est pas rare d’en rencontrer dans les colonnes de Traits urbains. Mais celui-ci a mis son efficience intellectuelle au service de la création urbaine. Ancien élève de l’X donc, mais aussi ingénieur des Ponts et chaussées et architecte DPLG, Thomas Richez crée son agence en 1985 avec Edouard François et Bertrand Rubus, dans une approche globale : d’emblée, il s’intéresse à la fois à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage. S’ensuivront la conception de trois tours à Euralille, de l’ambassade de France à Singapour, d’une ville nouvelle en Malaisie, du quartier des Grisettes à Montpellier, mais aussi de projets de mobilités, domaine dans lequel l’agence fait référence. La liste est longue : les tramways du Mans, d’Orléans, de Brest, de Tours, de Casablanca, d’Angers, des pôles d’échange à La Baule ou Lens, des centres de maintenance à Bordeaux ou Champigny, mais encore la gare de Massy-Palaiseau du Grand Paris Express.

« On ne négocie pas avec le climat. » Magali Reghezza-Zitt a beau être une intelligence supérieure elle a su, sur des sujets complexes (le risque, la vulnérabilité, la prévention, l’adaptation, la résilience, la transition dans le contexte de la mondialisation et du péril environnemental), préserver un discours clair et intelligible pour le plus grand nombre. Cela en fait naturellement une « bonne cliente » pour les mass media qui l’invitent en studio dès qu’une canicule ou une sécheresse se profile ou qu’une catastrophe se produit, la garantie d’une intervention scientifiquement certifiée et pédagogiquement approuvée.

@Jonathan_Thornhill

Flonflons et jour de fête pour les équipes de Foncière Bellevilles, en ce 6 septembre 2023 à Toulouse, date de l’inauguration des nouvelles grandes Halles de la Cartoucherie. Micro en mains, tee-shirt floqué « Cartoucherie » sur le dos, Adrien Ramirez ne sait plus où donner de la tête : il assure la visite et la présentation des lieux auprès des élus et officiels. Celui qui a co-fondé (avec Alexandre Born, Sébastien de Hulster, François Gendre et Jérémie Loevenbruck), la Foncière Bellevilles en 2019, livre aujourd’hui la réhabilitation emblématique de l’entreprise.

Elle se voit comme une « funambule ». Coriandre Prudhomme est d’abord une passionnée d’aménagement paysager, dont elle commence à explorer l’univers au lycée des métiers de l’horticulture et du paysage de Montreuil. Elle poursuit sa formation pour acquérir des connaissances scientifiques en écologie urbaine, à l’Université Paris-Sud, à Paris-Saclay et à l’Ecole régionale de botanique. Depuis elle s’évertue à faire la connexion via l’apport d’une vision écosystémique du vivant dans tous les projets auxquels elle participe.

« Nous initions toujours un projet en requestionnant usages et enjeux pour favoriser de nouvelles pratiques frugales, partagées et économiques. Qualité de vie, liens sociaux, santé et préservation des ressources, qu’elles soient patrimoniales ou naturelles, guident nos réflexions », explique l’urbaniste de l’agence Philippon-Kalt. Brigitte Philippon est associée avec Jean Kalt depuis 1994. Ils sont ensemble « à la ville et à la mer » comme elle le dit avec une pudeur toute poétique. Et depuis tout ce temps, ils travaillent ensemble de façon très complémentaire, « l’un sur l’archi, l’autre sur l’urba », mais tous deux avec ce même engagement pour « expérimenter, inventer et tester des solutions qui anticipent les réglementations », précise celle qui est coutumière des avis de chantier et ATEx (appréciations techniques d’expérimentation) menés avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

D’un jeu d’enfant, la construction en bois, Julien Pemezec a fait une réalité grandeur nature. Ce Breton est, il est vrai, issu d’une famille d’architectes et de bâtisseurs. Dès ses 19 ans, il « traine » ainsi sur le chantier du Roazhon Park, le stade de foot de Rennes. Alors étudiant à Centrale, il en ressort diplômé en 2004 et entre aussitôt chez Sodéarif (filiale de Bouygues qui deviendra Linkcity) en tant que responsable de programme.

Dans un monde en souffrance, d’aucuns ont clamé qu’ils avaient pour « ennemi » la finance mais leurs intentions n’ont jamais dépassé le stade des déclarations. D’autres préfèrent défendre l’idée plus constructive d’une finance durable. Morgane Nicol est une jeune femme au parcours « atypique » : elle est diplômée de l’EDHEC - spécialité finance - et met son expertise au service du changement climatique. Et c’est très concret. « Lors de mon année de césure, j’ai travaillé neuf mois en tant que consultante free-lance auprès d’ONG intervenant au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Bolivie, sur des programmes de microfinance durable ». S’ensuit une deuxième expérience de quatre mois au sein d’une ONG présente au Cambodge, où c’est cette fois la vente de crédits carbone qui l’occupe. « Je ne suis plus sortie de ces thématiques ».

Il faut parfois savoir partir loin pour revenir vers un ancrage local. Toutes deux originaires de Marseille, Laura Nave et Léa Gautier avaient déjà cette aspiration en commun avant de se rencontrer. La première a poursuivi ses études parisiennes d'architecture et ingénierie par une expatriation en Argentine pour travailler sur des problématiques de grands territoires ; la seconde a grandi en Guadeloupe avant d'obtenir sa licence d'architecture à Toulouse et de compléter son parcours en Master à Nantes. De retour dans leur ville natale, les deux jeunes femmes ont fait connaissance, se sont découvert une attirance commune pour une architecture qui donne toute sa place à l'humain, et ont commencé à réfléchir pour savoir comment elles pouvaient mettre les compétences en commun. « Au départ, nous avons passé des journées entières à discuter pour nous accorder véritablement sur nos objectifs, et confirmer notre attachement à l'économie locale », explique Laura Nave. « Nous sommes très vite tombées d'accord sur notre volonté de construire de manière sobre et durable, en donnant la priorité à la rénovation, avec des techniques et matériaux bioclimatiques, et sur la nécessité d'être pédagogiques vis-à-vis des futurs clients », enchaîne Léa Gautier. Une façon de sceller leurs valeurs communes.

 « J’ai toujours voulu faire de l’architecture et de l’urbanisme, mais avec l’envie de mettre en récit les territoires avec une vision stratégique. » Originaire de Montpellier, mais diplômé de l’école d’architecture de Nantes, c’est en Belgique, au sein de l’agence B612, qu’Antoine Musard fait ses premières armes. « J’ai découvert de l’autre côté de la frontière un savoir-faire technique très poussé et profitable, avant de rejoindre à Paris les équipes de Jacques Ferrier, puis celles de Reichen et Robert. L’urbaniste avait décroché le Grand Prix de l’urbanisme deux ans plus tôt et mon travail de fin d’étude concernait la route de la Mer à Montpellier. Je suis resté dix ans dans son agence. » Dix années au cours desquelles Antoine Musard croise le fer sur des projets urbains emblématiques comme la mutation des friches portuaires du port de Tanger au Maroc.

Récemment nommée secrétaire générale de Villes vivantes, Lily Munson est une ardente promotrice du BIMBY (build in my backyard), à savoir la construction de nouveaux logements dans les jardins des habitants, et par les habitants eux-mêmes.

Le monde se divise en deux catégories : il y a ceux qui tamisent le fond des rivières pour trouver d’hypothétiques pépites, et ceux qui regardent en l’air. Didier Mignery scrute les toitures, il en connaît les gisements. Architecte de métier, président et fondateur d’UpFactor en 2017, il s’est spécialisé dans la surélévation de bâtiments, en développant UpFactor Geoservices®. Ce logiciel identifie le potentiel de foncier aérien à une adresse donnée. L’application en 3D reconstitue la morphologie des bâtiments existants, leur extrusion ou leur représentation issue de data géographiques (nuages de points, Lidar1). Les informations sont croisées avec la donnée réglementaire des plans locaux d’urbanisme, les données de hauteur et les gabarits architecturaux. Voilà pour la recette.

©Laurent-Guichardon

« Autodidacte » - malgré une formation d’ingénieur en génie civil - mais surtout touche-à-tout et habitué à mettre régulièrement la main à la pâte… C’est ainsi que se définit Henry Maître, 37 ans, installé à Toulouse depuis la fin de ses études et originaire de Corrèze. « J’ai grandi à la campagne, et j’ai passé des heures et des week-ends à aider mon père pour rénover le corps de ferme familial, cela m’a donné le virus du bâtiment ! » « Autodidacte » - malgré une formation d’ingénieur en génie civil - mais surtout touche-à-tout et habitué à mettre régulièrement la main à la pâte… C’est ainsi que se définit Henry Maître, 37 ans, installé à Toulouse depuis la fin de ses études et originaire de Corrèze. « J’ai grandi à la campagne, et j’ai passé des heures et des week-ends à aider mon père pour rénover le corps de ferme familial, cela m’a donné le virus du bâtiment ! » Diplôme de l’INSA Toulouse en poche, Henry Maître commence sa carrière dans une entreprise générale de travaux puis chez des promoteurs immobiliers. En 2015, l’une de ses missions le conduit à Tulle pour construire un cinéma de centre-ville. Le projet avait été lancé par un certain François Hollande, ancien maire de la ville, devenu président de la République. Sur le chantier, il rencontre Jean Villa, qui dirige le groupe Véo et exploite déjà plusieurs cinémas indépendants dans le grand quart sud-ouest de la France. « Véo a essayé de me débaucher mais j’ai refusé, car je souhaitais à ce stade voler de mes propres ailes », raconte-t-il. En 2017, il crée ID Ciné et travaille depuis régulièrement en collaboration avec Véo. « Je fais ce que j’ai toujours voulu faire : je construis ! En réimplantant de petits cinémas dans des villes moyennes, j’essaye de faire des choses pour les gens ».ID Ciné intervient, selon les projets, en maîtrise d’ouvrage déléguée pour des communes ou des collectivités ou bien en promotion-construction ; et propose des accompagnements clé en main aux élus dès la recherche de financements. L’entreprise implante en moyenne chaque année un à deux cinémas de proximité dans des friches industrielles et elle a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros. « Ce sont des sujets très complexes, qui impliquent de mettre d’accord les exploitants et les élus locaux qui tiennent les cordons de la bourse. En effet, chacun de ces projets subventionnés par les collectivités territoriales met plusieurs années à aboutir, car l’idée est toujours in fine d’ouvrir un cinéma de proximité, avec un ticket d’entrée accessible pour le spectateur ». Pour ces raisons, ID Ciné a fait le choix d’une croissance raisonnée, et pour rester indépendant et agile, a choisi de s’appuyer sur une équipe resserrée d’une dizaine de personnes. En six ans d’existence, ID Ciné compte néanmoins déjà plusieurs réalisations à son actif, dans des lieux parfois insolites. Par exemple, le cinéma de Saint-Chamond (Loire) construit sur les anciennes aciéries de la ville. En Aquitaine, celui d’Andernos a trouvé place sur l’ancien stade de football, celui de Castelnaudary (Aude) a remplacé une caserne militaire et celui de Péage en Roussillon, en Isère, était occupé par une cave coopérative vinicole. Enfin celui de Saint-Priest dans la région lyonnaise, dont l’ouverture est prévue en fin d’année, sur d’anciens entrepôts occupés par la Poste.En Haute-Garonne, ID Ciné a aussi construit et livré, fin 2021, le cinéma de Colomiers, aux portes de Toulouse. Un chantier pour lequel Henry Maître a mis l’accent sur une construction durable. « J’ai choisi le béton brut mixé avec terre de pisé et bois, matériaux à faible bilan carbone et réutilisables ».A Lannemezan, le chantier bat son plein aussi pour transformer l’ancienne Halle aux veaux en cinéma de proximité. Son ouverture est prévue en 2024. Enfin actuellement, le plus attendu par les Toulousains est le futur cinéma de la Cartoucherie, qui ouvrira aussi ses portes en 2024, à droite de la grande halle récemment rénovée.

C’est peut-être à sa jeunesse passée entre Marseille et la Corse qu’Alexis Mariani doit sa conscience environnementale aiguë. « Le lien entre la ville et la nature m’a toujours semblé évident. » Et ce lien a balisé son parcours. Alexis Mariani oriente tout d’abord ses études dans cette direction : Polytechnique spécialisation Environnement, Ecole des des Eaux et des Forêts, DEA (Master 2) Economie des ressources naturelles à Paris 1. Au changement de millénaire, le sujet n’est pas encore politiquement intégré et ceux qui le portent font figure de pionniers. Le secteur public lui tend donc les bras. Alexis Mariani travaille sept ans pour le ministère de l’Ecologie. « Au début nous n’avions pas beaucoup de cadres et d’outils pour agir. Nous étions écoutés mais l’écologie n’était encore qu’un à-côté de l’économie, qui avait toujours la primeur. Et puis j’ai vu le rapport s’inverser, un changement de posture s’opérer dans la fabrique de la ville et finalement le vivant faire sa place au cœur du projet de territoire. »

« Nous constatons les conséquences de la sédentarité sur la santé, et notre mission est de faire bouger dès la petite enfance, avec des outils comme le design actif, pour donner envie et favoriser la promotion de l’activité physique et sportive ». Dans la bouche de Carole Marcou, ces mots sont le fruit de la conviction et de l’expérience. La présidente de Pro Urba a démarré son parcours en 1990. Alors âgée de 20 ans, la passionnée de sport met toute son énergie de gymnaste dans la petite société Divers Cité de Patrick Jourdain à Rillieux-la-Pape, spécialisée dans les installations de sports et loisirs. Carole Marcou développe ses savoir-faire, noue une proximité avec les paysagistes concepteurs, et s’investit jusqu’à racheter une dizaine d’années plus tard la totalité des parts de l’entreprise, qu’elle va co-gérer avec son mari Gilbert Mathot.

Un créateur de lieux de vie, de la studette aux espaces publics, tel est, selon Coralie Mantion, le premier rôle de l'architecte. « Il doit d'abord penser in situ, l'espace habité et en priorité l'humain qui s'y projette, avant de penser le bâti comme œuvre d'art », martèle cette ancienne dessinatrice en agence qui a repris des études à 30 ans, à l'école d'architecture de Montpellier, pour devenir architecte DE. « J'avais déjà beaucoup travaillé sur des projets de bureaux, de logements collectifs et de maisons individuelles », indique cette militante EELV (Europe Ecologie-Les Verts) entrée en politique il y a dix ans. Pragmatique, elle prône une « écologie des solutions » pour changer la ville.

Son diplôme de l’ESAG (Ecole supérieure d’arts graphiques et d’architecture intérieure) en poche, Eric Manfrino n’a pas tardé à prendre son destin en mains. En 1992, il fonde Traitvert, agence de paysage et d’urbanisme, qu’il dirigera jusqu’en 2015. Il co-fonde alors Land’Act, agence de paysage, d’urbanisme et d’écologie, avec le créateur de TUP Philippe Thébaud (décédé en 2021) et son fils Benjamin Thébaud, par la fusion de leurs agences respectives.

POPSU, la Plateforme d'observation des projets et des stratégies urbaines pilotée par le Groupement d’intérêt public L’Europe des projets architecturaux et urbains et financée par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires via le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), l’Ademe et l’Institut CDC pour la recherche, a lancé au printemps dernier son nouveau programme de recherche-action : POPSU Transitions. A sa tête un jeune chercheur, Nicolas Maisetti.

Lundi 25 septembre 2023, fin de journée. Un vent du Sud nous souffle ces quelques mots. « Nous sommes très preneurs de visites sur le terrain qui permettent la rencontre avec les opérateurs, les élus locaux, parfois les habitants quand ils sont déjà là. Cela nourrit les travaux de l’association. » Qui parle ? Sébastien Maire, délégué général de France Ville durable devenue récemment France Villes et territoires durables. Il occupe le poste depuis septembre 2020, après un parcours au service de l’intérêt général (consultant à l’APEC, directeur du développement économique de la Ville de Pantin, cabinet de la maire de Montreuil Dominique Voynet, Haut responsable de la résilience puis délégué général à la Transition écologique et la résilience à la Ville de Paris). De quoi parle-t-il ? De visites apprenantes. D’où s’exprime-t-il ? De Marseille où avait lieu la troisième édition de Villes Durables en actions. Il explique : « Nous avons coutume de dire à l’association que le premier facteur de résilience d’un territoire, c’est de connaître son voisin. Il faut ce lien social de proximité. » L’urgence à agir au plus près des villes se fait de plus en plus criante : « Nous savons qu’il reste très peu de temps pour engager enfin nos villes et nos territoires dans des trajectoires qui soient véritablement durables et soutenables, notamment au regard des enjeux physiques des limites planétaires ». Oui, mais comment ? En déroulant le manifeste de l’association qui appelle à « dépasser la logique de développement durable, dont la philosophie et le caractère contradictoire de certains de ses objectifs n’ont pas permis jusqu’ici d’inverser les trajectoires de destruction de l’habitabilité de la planète. »

© CDC Biodiversité

Flonflons et jour de fête pour les équipes de Foncière Bellevilles, en ce 6 septembre 2023 à Toulouse, date de l’inauguration des nouvelles grandes Halles de la Cartoucherie. Micro en mains, tee-shirt floqué « Cartoucherie » sur le dos, Adrien Ramirez ne sait plus où donner de la tête : il assure la visite et la présentation des lieux auprès des élus et officiels. Celui qui a co-fondé (avec Alexandre Born, Sébastien de Hulster, François Gendre et Jérémie Loevenbruck), la Foncière Bellevilles en 2019, livre aujourd’hui la réhabilitation emblématique de l’entreprise.

Bien saisir l’impact d’un projet, notamment en aidant le donneur d’ordre à mieux définir sa commande et à qui elle s’adresse, ensuite miser sur la mobilisation de l’intelligence collective par la co-conception, avec le donneur d’ordres et les futurs usagers. Pierre-Paul Cursolle et Maxime Lefranc, fondateurs d’Aclaa1, partagent la conviction que leurs missions doivent se bâtir sur ces préalables pour amener tout le monde dans la même direction.

Jusqu'alors directrice du développement et des investissements du GIE Grand Paris Habitat, réunissant l’ensemble des compétences de CDC Habitat relatives au développement de l’offre de logement social et de logement intermédiaire en Île-de-France, Katelle Le Guillou a rejoint en 2022 la Foncière de transformation immobilière (FTI). Cette filiale d’Action Logement a pour mission d’acquérir des bureaux ou des locaux d’activité obsolètes pour permettre leur transformation en logements à loyer maîtrisé.

Tribu, tout est dans le nom. Pour comprendre le positionnement du bureau d’études qui revendique une approche transversale des enjeux environnementaux, il faut déployer l’acronyme. Il en révèle l’identité et les objets sociaux : technique, recherche, innovation pour le bâtiment et l’urbain. Tribu, c’est aussi un statut juridique de Scop, adopté au moment de la transmission de l’agence par ses fondateurs. Il en incarne l’esprit originel : des modes de fonctionnement collaboratifs et participatifs. Mais pas seulement ; ce qui se passe à l’intérieur se voit aussi à l’extérieur : « L’écoresponsabilité qui est notre cœur de métier implique de croiser les expertises dans de nombreux domaines pour être pertinent », indique Karine Lapray. Ingénieure énergie et environnement, enseignante-chercheuse maître de conférences à l’école d’architecture de Lyon depuis 2015, elle est aussi membre de Ville & aménagement durable depuis une vingtaine d’années. En 2003, elle crée l’antenne lyonnaise de Tribu pour, notamment, être au plus près des opérations du quartier de la Confluence.

Pour ses études d’architecture, Aude Landy-Berkowitz avait opté pour une école « très orientée sur les aspects sociétaux, les évolutions des modes de vie », Paris Malaquais. « Je voulais laisser une trace, bâtir quelque chose où les gens peuvent vivre. Participer à une œuvre commune, à l’acte de construire ». Elle fait ses premières armes chez Claude Vasconi, bonne mais rude école, où elle apprécie l’approche « à la fois sociétale et d’ingénierie, connaissant très bien la technique, faisant de la maîtrise d’œuvre d’exécution, permettant d’être architecte jusqu’au bout ». Elle accompagnera le projet de l’immeuble Magnetik, porte d’Orléans à Paris, jusqu’à la livraison : « ma plus belle expérience, avec une responsabilité totale, un travail d’équipe passionnant pour une jeune femme de 25 ans face à des équipes entièrement masculines et plus âgées, qui m’ont parfois pris pour l’assistante ». De quoi forger un peu plus un caractère déjà bien trempé.

Marie Lalande-Dauger a rejoint le poids lourd de l’investissement immobilier Gecina depuis le mois de septembre comme directrice exécutive en charge de l’Ingénierie et de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Cette ingénieure diplômée de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole des Mines connaît sur le bout des doigts les métiers de la production, de la distribution et des services énergétiques. Elle a notamment travaillé chez Dalkia en tant que directrice de centre opérationnel, où elle pilotait la gestion des contrats de service au sein d’immeubles tertiaires. Depuis 2019, elle était directrice Opérations, maintenance et gestion d’actifs pour le parc éolien et photovoltaïque terrestre d’EDF Renouvelables en France, en charge de plus de 2GW installés de parcs solaires et éoliens terrestres.

Il n’est jamais facile de brosser le portrait d’une star de l’architecture. Car en dépit de son (encore) jeune âge, Nicolas Laisné en est bien une, invitée à la 17e Biennale de Venise et consacrée par la réalisation, avec Dimitri Roussel, Sou Fujimoto et Oxo architectes, de l’Arbre blanc, à Montpellier, élu « plus bel immeuble d’habitation au monde » par le web media ArchDaily. Dans cette tour multi-programmatique de 17 étages se présentant comme un bouquet de porte-à-faux dans lequel viennent se glisser avec malice quelques escaliers on peut lire tout le parcours de son coconcepteur, d’abord marqué par une ouverture au monde.

En votant il y a un an pour la nomination d’Alexandre Labasse à sa direction générale, le conseil d’administration de l’Apur a une nouvelle fois joué la carte de la continuité au regard de la feuille de route que Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo lui avaient fixée dès 2008, à savoir l’orientation métropolitaine de ses travaux. « Dans un contexte de défiance à l’égard des métropoles, j’en reste un fervent défenseur », pose en préambule celui qui préside par ailleurs l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles.

Conseillère régionale de Bretagne, Katja Krüger est déléguée aux coopérations décentralisées, à la solidarité internationale et à la mobilité des jeunes à l’international. De mai 2014 à juin 2020, elle a été successivement conseillère municipale puis adjointe à la maire de Rennes, déléguée au Bureau des temps de la ville ainsi qu’à la Petite Enfance en cours de mandat. Parallèlement, elle deviendra présidente du réseau national Tempo Territorial - nous sommes en 2017 - jusqu’au renouvellement du bureau fin septembre 2023. Elle en est désormais la vice-présidente aux relations internationales.

Architecte togolais formé à l’Ensa de Paris-La Villette, anthropologue passé par l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Sénamé Koffi Agbodjinou est revenu s’installer à Lomé. Depuis cette base et à travers ses projets et recherches, il promeut la « ville néovernaculaire africaine » : des bâtiments en terre plutôt qu’en béton, ouverts les uns sur les autres pour faciliter le lien entre les habitants, laissant de la place pour la production alimentaire locale… mais pas sans innovation digitale, celle-ci devant être développée par les Africains eux-mêmes et non sous la férule des GAFA. « Les modèles urbains occidentaux ne correspondent pas aux réalités anthropologiques africaines », constate-t-il.

 « En 1970 il fallait que Guy Jullian, mon père, soit quand même sacrément visionnaire pour implanter l’aluminium sur le marché français, avec des solutions déjà personnalisées », soulignait Agnès Jullian dans le livre anniversaire des 50 ans de Technilum, entreprise de conception et fabrication de mobilier urbain d’éclairage. C’était l’époque du développement des stations du littoral languedocien dans le cadre de la mission Racine, une opportunité saisie par l’entrepreneur biterrois. Technilum met au point le « sans soudure » avec des assemblages mécaniques, y compris avec une colle bi-composant utilisée dans l’aéronautique, et se démarque par une série de projets iconiques : Les Fées de la Grande Motte, Les Diamants à Marseille, les Palmiers à Cannes, le Collier de perles à Nice… 

Nommé directeur général d’Icade à l’issue de l’assemblée générale d’avril 2023, Nicolas Joly a précédemment officié au sein du groupe Casino qu’il avait rejoint en 2008 et où il a évolué jusqu’au poste de directeur des projets de fusions-acquisitions.

Nantes, Montpellier et Paris : trois sites pour les ateliers up+, qui regroupent, avec une trentaine de collaborateurs, les compétences en urbanisme et en paysage de SCE et du groupe Keran, spécialisé dans le conseil et l’ingénierie en aménagement du territoire et en gestion de l’environnement. « Plateforme collaborative et laboratoire d'idées, avec un collectif de profils divers, nos ateliers entretiennent une culture commune du projet dans toutes nos approches, de la planification à la maîtrise d'œuvre », définit leur directrice, Maud Joalland, architecte et urbaniste OPQU.

On pourrait appeler cela une « loi de l'automobiliste » : cette tendance à vouloir toujours aller se garer au plus près de sa destination. Une logique se traduisant par des parcours à rallonge pour trouver une place de stationnement dans les centres-villes. « Aujourd'hui, ces déplacements représentent entre dix et vingt minutes de recherche dans les villes de taille moyenne, et même davantage en région parisienne, où le temps de trajet est parfois égal ou inférieur au temps de recherche d'une place de stationnement », analyse Raphaël Jatteau.

©Sophie Brandstrom

Cet été, le messin Vincent Hein a fait ses cartons pour s'installer définitivement hors de France, sans se sentir expatrié pour autant. Le nouveau directeur de la fondation luxembourgeoise Idea quitte le statut de frontalier pour s'installer au Grand-Duché sans même avoir l'impression de franchir une frontière. « Que je sois en Lorraine, au Luxembourg ou en Sarre, je me sens chez moi dans toute la Grande Région », assure l'économiste né d'un père luxembourgeois et d'une mère allemande, qui a passé son enfance à Sierck-les-Bains, commune mosellane dite des Trois Frontières.

© Grand Paris Aménagement

« Intérêt général », « bien commun » sont des mots qui reviennent souvent dans les propos de Camille Gehin, convaincue que toute action d’aménagement ou de construction doit être conduite dans cette direction. Aussi l’accompagnement des politiques publiques est-il le fil rouge du parcours de cette Strasbourgeoise diplômée de l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (ENTPE) de Lyon et de l'école d'architecture de Paris-Malaquais. Forte de sa double formation, Camille Gehin travaille d’abord auprès de la Direction générale de l’Aviation civile sur les projets bâtimentaires des bases aériennes. Puis elle rejoint l’Anru, tout juste lancée. Elle y pilote le programme de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avant de prendre en charge la coordination de l’Ile-de-France et la responsabilité de la Seine-Saint-Denis, le département cumulant le plus d’enjeux et de financements. « Une magnifique aventure qui m’a marquée », confie Camille Gehin. « J’entends les reproches qui reviennent régulièrement, il n’en demeure pas moins qu’à l’origine la rénovation urbaine est une très belle idée porteuse d’ambitions et de valeurs fortes. »

Le parcours professionnel d’Ollivier Guilbaud, nouveau directeur général de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) de Sénart, s’est principalement déroulé en grande couronne parisienne. Mais il débute sa carrière à Paris, au poste de chargé d’opération à la Soparema puis à la Semavip. Il y entre avec un diplôme de l’Institut d’Urbanisme de Paris et y reste huit ans. Avec recul et expérience, il avoue que les opérations d’aménagement dans la capitale « où on est assuré d’une bonne valorisation foncière et du soutien des services de la ville » ne l’ont pas préparé aux difficultés rencontrées plus tard, en grande couronne, notamment dans les ex-villes nouvelles. Car après les Sem parisiennes il rejoint le Syndicat d’agglomération nouvelle de Cergy-Pontoise pour préparer l’avènement de la communauté d’agglomération. « L’EPA de Cergy-Pontoise fermait, j’arrivais pour créer une équipe chargée de l’aménagement. Il fallait aussi racheter le foncier et reprendre les Zac en cours. Voilà comment j’ai commencé à appréhender villes nouvelles et opérations d’intérêt national [OIN] », confie-t-il. Ollivier Guilbaud devient directeur de l’urbanisme de la communauté d’agglomération. Puis il quitte le Val d’Oise pour l’Essonne et le poste de directeur délégué de l’AFTRP (secteur d’Evry), celle-ci reprenant les opérations de l’Epévry, l’EPA de la ville nouvelle d’Evry.

© Antoine Mercusot

Leslie et Philippe Gonçalvès ont cofondé Seuil architecture à Toulouse en 2005, structure qui emploie actuellement une vingtaine de salariés. Dès les premières années, ils dotent leur agence d’un laboratoire d’idées « Seuil Lab ». « Nous voulions appréhender de nouveaux modes constructifs, nous former si nécessaire puis les réutiliser dans nos projets », décrit Leslie Gonçalvès. Presque vingt ans plus tard ils ont cheminé vers une architecture résiliente, responsable, frugale et durable, désormais au cœur de chacun de leurs projets.

Leslie et Philippe Gonçalvès ont cofondé Seuil architecture à Toulouse en 2005, structure qui emploie actuellement une vingtaine de salariés. Dès les premières années, ils dotent leur agence d’un laboratoire d’idées « Seuil Lab ». « Nous voulions appréhender de nouveaux modes constructifs, nous former si nécessaire puis les réutiliser dans nos projets », décrit Leslie Gonçalvès. Presque vingt ans plus tard ils ont cheminé vers une architecture résiliente, responsable, frugale et durable, désormais au cœur de chacun de leurs projets.

Flonflons et jour de fête pour les équipes de Foncière Bellevilles, en ce 6 septembre 2023 à Toulouse, date de l’inauguration des nouvelles grandes Halles de la Cartoucherie. Micro en mains, tee-shirt floqué « Cartoucherie » sur le dos, Adrien Ramirez ne sait plus où donner de la tête : il assure la visite et la présentation des lieux auprès des élus et officiels. Celui qui a co-fondé (avec Alexandre Born, Sébastien de Hulster, François Gendre et Jérémie Loevenbruck), la Foncière Bellevilles en 2019, livre aujourd’hui la réhabilitation emblématique de l’entreprise.

Il faut parfois savoir partir loin pour revenir vers un ancrage local. Toutes deux originaires de Marseille, Laura Nave et Léa Gautier avaient déjà cette aspiration en commun avant de se rencontrer. La première a poursuivi ses études parisiennes d'architecture et ingénierie par une expatriation en Argentine pour travailler sur des problématiques de grands territoires ; la seconde a grandi en Guadeloupe avant d'obtenir sa licence d'architecture à Toulouse et de compléter son parcours en Master à Nantes. De retour dans leur ville natale, les deux jeunes femmes ont fait connaissance, se sont découvert une attirance commune pour une architecture qui donne toute sa place à l'humain, et ont commencé à réfléchir pour savoir comment elles pouvaient mettre les compétences en commun. « Au départ, nous avons passé des journées entières à discuter pour nous accorder véritablement sur nos objectifs, et confirmer notre attachement à l'économie locale », explique Laura Nave. « Nous sommes très vite tombées d'accord sur notre volonté de construire de manière sobre et durable, en donnant la priorité à la rénovation, avec des techniques et matériaux bioclimatiques, et sur la nécessité d'être pédagogiques vis-à-vis des futurs clients », enchaîne Léa Gautier. Une façon de sceller leurs valeurs communes.

Antoine Frey prend plaisir à ce qu’il fait, c’est le moins qu’on puisse dire : « J’ai créé cette entreprise en 2007, et depuis je vis un rêve. Ce métier est fabuleux. Nous fabriquons le cadre de vie des gens, le commerce est une matière passionnante ! C’est le fond de sauce sur lequel se fabrique la ville… ». Son siège parisien, rue Auber, est aussi conçu pour faire rêver. L’accueil, avec son décor et son bar, évoque plus une startup de design qu’un investisseur-développeur qui pèse près de 2 milliards d’euros d’actifs immobiliers. « Notre métier est de créer des lieux de vie, d’échange et de partage », commente l'entrepreneur. « Un centre commercial se fait vivre tous les jours comme un lieu de spectacles ».

L’attention portée au chemin de l’eau dans tous les projets constitue la marque de fabrique de 22 Degrés : places en cœur de ville comme à Bois Guillaume, à Saint-Thibault-des-Vignes ou à Fontenay-sous-Bois, parc de la Fonderie à Vernon, quartiers de Carentan-les-Marais ou de Saint-Saulve. « La gestion de l’eau n’a rien d’une contrainte technique. C’est une ressource qui de plus fabrique un paysage plus riche », soutient Etienne Fouque, fondateur de 22 Degrés avec Pierre-Thomas Cochaud Doutreuwe.

« Pour construire son nid, qui a la forme d’une sphère, l’hirondelle de fenêtre transporte 1 500 boulettes de boue dans son bec », explique Maeva Felten, responsable du programme Nature en ville à la LPO (Ligue de protection des oiseaux). Mais encore faut-il que ce migrateur transsaharien parvienne, après avoir parcouru 5 000 à 10 000 kilomètres, à trouver un lieu propice à l’implantation de son foyer, un coin de fenêtre ou une avancée de toit. Ce qui n’est pas facile tant les villes ne leur laissent plus de place pour nicher…

« Favoriser l’émergence d’idées disruptives », telle est la mission de Baptiste Démure, directeur du REDLab, le laboratoire d’innovation du groupe immobilier Redman. De formation ingénieur en génie civil spécialité bâtiment de l’ENISE (Saint-Etienne), le trentenaire a démarré son parcours en 2009 chez Campenon Bernard, filiale du groupe Vinci Construction, au sein de la cellule Grands projets hospitaliers, comme responsable du pilotage de concours en conception/réalisation. Au sein du même groupe, il rejoint ensuite le métier de la promotion immobilière, chez Adim Lyon, comme chargé d’opérations. C’est durant ces années qu’il développe des compétences complémentaires en termes administratifs et juridiques.

L’habitat fait le citoyen : c’est le titre de l’ouvrage publié avant l’été par Jean-Philippe Dugoin-Clément (éditions de l’Aube) et préfacé par Jean-Louis Borloo. On se demande toujours où un homme qui est maire d’une commune de 15 000 habitants, occupe un poste de vice-président d’une grande région et chapeaute le conseil d’administration d’un gros aménageur trouve le temps d’écrire. Mais « JPDC » est au départ un cadre de la fonction publique (il débuta sa carrière en tant que directeur de cabinet d’Yves Jégo à Montereau-Fault-Yonne avant d’en devenir le directeur général des services) et il sait quelle place a pris la communication dans la politique au cours des deux dernières décennies. Or il avait des messages à faire passer : « Résoudre la crise du logement ne relève ni d’une politique de droite ni d’une idée de gauche. C’est une priorité nationale qui transcende les courants politiques. »  Il propose un allongement de la durée des prêts immobiliers en faisant porter ceux-ci sur le bien et non plus la personne, un assouplissement des normes de construction, une « territorialisation » de la loi SRU, l’intensification plutôt que la densification, un encadrement du foncier et non des loyers, une remise à plat de la stratégie ZAN, le rétablissement d’un lien direct entre l’acte de construire et la fiscalité locale.

Sadev 94 a accueilli au mois de septembre son nouveau directeur général, pour succéder à Christophe Richard. Chez l’emblématique aménageur val-de-marnais, Mathias Doquet-Chassaing n’est pas en territoire inconnu. Son solide parcours professionnel est dédié à l’aménagement, dans d’importantes sociétés d’économie mixte. Diplômé de Polytech Orléans (Ecole supérieure de l’énergie et des matériaux), après une première expérience de directeur de projets chez OTH, il a passé dix ans chez Sadev 94 (déjà) de 2003 à 2013 comme directeur opérationnel, puis a été directeur général délégué de la Semmy (Sem d’aménagement et de construction et bailleur social de la ville de Mitry-Mory), avant d’exercer chez Grand Paris Aménagement des fonctions de direction territoriale Grand Paris Est. Depuis cinq ans, il dirigeait la SPL régionale Ile-de-France Construction durable, spécialisée dans la construction et la rénovation d’équipements publics. En parallèle, il a aussi dirigé la Cité régionale de l’environnement Ile-de-France, été vice-président Environnement du GIP Maximilien, service public mutualisé d’administration électronique francilien, et administrateur de la FedEpl, la Fédération des élus des Entreprises publiques locales.

« Tout au long de mon parcours, j’ai eu la chance de rencontrer des personnalités fortes de l’aménagement. » Caennais d’origine, diplômé de l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (ENTPE) et titulaire d’un master de l’Institut d’urbanisme de Lyon, Arnaud Diguet a surtout œuvré pour de « grandes maisons », comme un chef cuisinier multiplie les expériences dans des restaurants étoilés. Tout d’abord, la SERM, à Montpellier, où il a passé 12 ans, au pilotage de projets tels que la Zac Ovalie, l’écoquartier des Grisettes ou la nouvelle gare TGV. « Je suis fier d’avoir été à cette école. » Puis Paris-Saclay, en tant que directeur de projet, où d’un campus il a contribué à faire émerger un morceau de ville : le quartier du Moulon. « Avec Christophe Delmar et Anne-Sylvie Bruel, nous nous sommes attelés à ancrer le projet urbain dans son territoire, en réhabilitant des rigoles historiques, en créant un réseau de noues, en réintroduisant une échelle plus intermédiaire dans des projets jusqu'alors monolithiques et coupés du quartier. »

Le Grand Est constitue l'une des rares régions où elle n'ait jamais exercé, mais Magali Debatte, directrice régionale de la Banque des Territoires, se sent chez elle tant au siège strasbourgeois que dans les antennes de Nancy et de Châlons-en-Champagne. Nommée à ce poste en juillet 2022, l'ex-préfète de Charente n'a cessé de sillonner – en train et en co-voiturage – les six « plaques » dont la banque publique a maillé ce vaste territoire. Des grands pôles urbains aux frontières allemande, luxembourgeoise et belge, des anciens bassins industriels de Moselle aux zones rurales des Ardennes, des Vosges ou de la Meuse, l'ingénieure en électronique passée par le ministère de l'Intérieur, les services du Sgar et le corps préfectoral, pose sur ce territoire hétéroclite un regard neuf. « Je n'ai jamais raisonné en termes d'anciennes régions, mais en termes d'écosystèmes et de bassins de vie », explique l'ancienne chargée de mission économique de la Datar qui, en 2003, a œuvré à la constitution des pôles de compétitivité sous l'impulsion du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Elle garde un souvenir précis de la cartographie scientifique et technologique qui permit de déterminer des filières stratégiques pour relancer la politique industrielle française.

Fondée, il y a 40 ans, par Michel Péna, architecte paysagiste de renom, l'agence Péna Paysages, basée à Paris, change de mains en 2018. Ghislain de Larouzière, 47 ans, accède aux commandes. Patrick Bouchardon, 51 ans, le rejoint l'année suivante en tant qu'associé. Le tandem d'architectes-paysagistes se connaît très bien. « Avec Patrick, nous avons beaucoup de références communes. Il était chef de projet dans mon équipe à l'atelier Villes et Paysages, nous avons travaillé quasiment 13 ans ensemble avant de nous associer ». Patrick Bouchardon n’a « pas hésité une seconde quand Ghislain m'a proposé de l'accompagner » : « j'avais envie de construire quelque chose ».

Flonflons et jour de fête pour les équipes de Foncière Bellevilles, en ce 6 septembre 2023 à Toulouse, date de l’inauguration des nouvelles grandes Halles de la Cartoucherie. Micro en mains, tee-shirt floqué « Cartoucherie » sur le dos, Adrien Ramirez ne sait plus où donner de la tête : il assure la visite et la présentation des lieux auprès des élus et officiels. Celui qui a co-fondé (avec Alexandre Born, Sébastien de Hulster, François Gendre et Jérémie Loevenbruck), la Foncière Bellevilles en 2019, livre aujourd’hui la réhabilitation emblématique de l’entreprise.

Elle se définit en deux mots : « engagée et inventive ». Au vrai, Constance de Alexandris c’est bien plus qu’un engagement citoyen et des idées. En créant Ecoceaty en 2016, cette ancienne responsable de projet dans la promotion immobilière (Linkcity, Covivio, Redman), urbaniste de formation (DESS d’Urbanisme et d’aménagement de Sciences Po) a tout simplement ouvert un nouveau champ du projet urbain. Sa société, basée à Marseille, propose en effet d’intégrer des « écosystèmes alimentaires durables » à l’aménagement. « L’alimentation est un levier particulièrement efficace pour favoriser la cohésion sociale d’un territoire, agir sur les enjeux relatifs à la préservation de l’environnement mais également sur ceux questionnant la santé et plus généralement le bien-être », a pu observer celle qui a d’abord mis ses convictions au service d’un réseau d’épiceries sociales et solidaires.

Bien saisir l’impact d’un projet, notamment en aidant le donneur d’ordre à mieux définir sa commande et à qui elle s’adresse, ensuite miser sur la mobilisation de l’intelligence collective par la co-conception, avec le donneur d’ordres et les futurs usagers. Pierre-Paul Cursolle et Maxime Lefranc, fondateurs d’Aclaa1, partagent la conviction que leurs missions doivent se bâtir sur ces préalables pour amener tout le monde dans la même direction.

Depuis le 1er janvier 2023, Aurélie Cousi est directrice générale de l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée (EPAEM). Une fonction opérationnelle de terrain pour cette X-Ponts qui avait été auparavant durant près de trois ans directrice de l’architecture au ministère de la Culture.

Un polytechnicien, encore un… Il n’est pas rare d’en rencontrer dans les colonnes de Traits urbains. Mais celui-ci a mis son efficience intellectuelle au service de la création urbaine. Ancien élève de l’X donc, mais aussi ingénieur des Ponts et chaussées et architecte DPLG, Thomas Richez crée son agence en 1985 avec Edouard François et Bertrand Rubus, dans une approche globale : d’emblée, il s’intéresse à la fois à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage. S’ensuivront la conception de trois tours à Euralille, de l’ambassade de France à Singapour, d’une ville nouvelle en Malaisie, du quartier des Grisettes à Montpellier, mais aussi de projets de mobilités, domaine dans lequel l’agence fait référence. La liste est longue : les tramways du Mans, d’Orléans, de Brest, de Tours, de Casablanca, d’Angers, des pôles d’échange à La Baule ou Lens, des centres de maintenance à Bordeaux ou Champigny, mais encore la gare de Massy-Palaiseau du Grand Paris Express.

Depuis trois ans, Frédéric Corset dirige l’association EnvirobatBDM, réseau qui promeut la construction et l’aménagement durable en version méditerranéenne et souffle cette année ses vingt bougies. « A l’origine, Envirobat était un centre de ressources. Alors qu’Internet était encore balbutiant, c’était à la fois un forum et un pôle de recherche où maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage avaient la possibilité d’échanger sur leurs pratiques autour d’un mantra : comment adapter le modèle de la construction passive au climat méditerranéen ».

La prochaine étape marquante figurant à l’agenda de François Corre, directeur général d’Aménagement 77, est le lancement en 2024 des premiers chantiers de la Zac Centre Bourg (650 logements, 28 hectares) à Saint-Thibault-des-Vignes. L’aménageur assisté d’Aclaa et de l’agence Base a reconfiguré cette Zac créée en 2006 pour obtenir une autorisation environnementale et la remettre au goût du jour.  

© Florian Bouzigues

« Nous avons collectivement besoin de l’Economie sociale et solidaire (ESS) pour faire face aux défis sociaux et environnementaux du 21e siècle ». Co-initiateur il y a dix ans de la coopérative d’urbanisme transitoire Plateau Urbain dont il assure désormais la présidence du conseil de surveillance, Paul Citron s’est fait avec le temps un ambassadeurs de cette ESS dont il ne manque jamais de rappeler le poids macroéconomique : « 10 % du PIB de la France, 15 % des emplois du secteur privé, 2,6 millions de salariés et 30 millions de m2 d’activités et de bureaux. Au total, c’est environ 5Md€ de loyer annuel payé par les structures de l’Economie Sociale ! ».

Un polytechnicien, encore un… Il n’est pas rare d’en rencontrer dans les colonnes de Traits urbains. Mais celui-ci a mis son efficience intellectuelle au service de la création urbaine. Ancien élève de l’X donc, mais aussi ingénieur des Ponts et chaussées et architecte DPLG, Thomas Richez crée son agence en 1985 avec Edouard François et Bertrand Rubus, dans une approche globale : d’emblée, il s’intéresse à la fois à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage. S’ensuivront la conception de trois tours à Euralille, de l’ambassade de France à Singapour, d’une ville nouvelle en Malaisie, du quartier des Grisettes à Montpellier, mais aussi de projets de mobilités, domaine dans lequel l’agence fait référence. La liste est longue : les tramways du Mans, d’Orléans, de Brest, de Tours, de Casablanca, d’Angers, des pôles d’échange à La Baule ou Lens, des centres de maintenance à Bordeaux ou Champigny, mais encore la gare de Massy-Palaiseau du Grand Paris Express.

« Passionné de ville durable et bas carbone », comme il se décrit, l’urbaniste Thomas Charrier, 33 ans, ose à peine dire qu’il voue également une forme de fascination au béton. « Bien sûr, je n’aime pas en voir couler mais je ne peux m’empêcher de dire qu’il y a quelque chose de magique dans les constructions en béton brut ». Il conçoit avant tout l’aspect durable de la ville dans sa circularité. « Avant de construire, regardons l’existant », insiste-t-il. Un existant ainsi érigé en « patrimoine et matière première ». A bord de son agence créée en 2021 et appelée sans surprise Territoire circulaire, Thomas Charrier se concentre particulièrement sur la vacance. D’abord celle du logement à travers une quête d’objectivité. « En France, le nombre de 3 millions de logements vacants revient très régulièrement », explique-t-il. « Il est réel. Il doit interpeller mais il sous-tend aussi une vision simpliste selon laquelle il suffirait de les rénover pour les convertir en habitations ». De quoi alors fluidifier le marché en accueillant des centaines de milliers de personnes mal-logées et au passage, lutter contre l’artificialisation des sols. Pas si simple… Car « les vases communicants n’existent pas en la matière ». Pour au moins une bonne raison : les besoins qui ne situent pas forcément là où se trouve la demande… « De nombreux enjeux territoriaux se cachent derrière la vacance », appuie-t-il. Et c’est justement l’objet du portail Pas de vacances pour la vacance1 qu’il a lancé en mars 2022. A partir des données des fichiers Insee et Lovac, son site internet permet de visualiser en instantané la situation en matière de vacance de logement de telle ou telle commune, qu’elle soit structurelle ou conjoncturelle. De quoi également mettre en parallèle cette vacance avec les données des permis de construire ou d’aménager, déposés sur le secteur. A l’origine, il souhaitait en faire un outil pour lui, afin de localiser la vacance dans les différents territoires. Puis est venu « par hasard », un appel à communs - Résilience des territoires - de l’Ademe en avril 2021 qui a accéléré le processus et propulsé ce portail au rang de bien commun puisqu’il est accessible gratuitement. Il s’agit donc d’un outil d’aide à la décision potentiellement précieux pour les collectivités qui, depuis début 2023, peuvent aussi s’appuyer sur Zéro logement vacant (ZLV), développé par l’Etat pour outiller les collectivités dans le but de cibler les propriétaires de logements vacants.

Qui pour remplacer Patrice Vergriete, nommé ministre du Logement, à la tête de France Ville Durable (FVD) qu’il présidait depuis sa création ? Le 8 septembre, le conseil d’administration de l’association des professionnels publics et privés de la ville et des territoires durables et résilients a porté son choix sur Virginie Carolo-Lutrot, maire de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), présidente de Caux Seine Agglo et vice-présidente d’Intercommunalités de France. Elle œuvre en binôme avec Florian Bercault, nouveau président délégué de l’association, maire de Laval et président de Laval Agglomération. 

© Alicia Brouilliard

Crédit Florent Drillon

Flonflons et jour de fête pour les équipes de Foncière Bellevilles, en ce 6 septembre 2023 à Toulouse, date de l’inauguration des nouvelles grandes Halles de la Cartoucherie. Micro en mains, tee-shirt floqué « Cartoucherie » sur le dos, Adrien Ramirez ne sait plus où donner de la tête : il assure la visite et la présentation des lieux auprès des élus et officiels. Celui qui a co-fondé (avec Alexandre Born, Sébastien de Hulster, François Gendre et Jérémie Loevenbruck), la Foncière Bellevilles en 2019, livre aujourd’hui la réhabilitation emblématique de l’entreprise.

 Jamais deux sans trois. Dix ans après sa nomination à Marseille par Cécile Duflot, Claude Bertolino entame son troisième quinquennat à la direction générale de l'Etablissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur (EPF Paca). Le 15 juillet 2023, cette architecte et urbaniste générale de l’Etat a vu son mandat renouvelé pour cinq ans par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

« Même si j’ai vécu à la campagne, j’ai toujours conservé un lien avec la ville... » : en égrenant son parcours biographique, Gaëlle Berthaud n’y avait pas forcément pensé. Mais ce double ancrage n’est pas sans rappeler celui du parc national des Calanques, sanctuaire de biodiversité dont elle assure la direction à Marseille depuis le 1er septembre 2022. Plus grand parc périurbain du vieux continent, le massif des Calanques s’étend sur un vaste périmètre à l’Est de la cité phocéenne. Le secteur le plus protégé, le « cœur » du parc, couvre les communes de Cassis, La Ciotat et Marseille, et s'étend sur 8 500 ha sur terre et 43 500 ha en mer. Le parc y dispose d'un pouvoir réglementaire. Autour, l'aire de libre adhésion est un espace de partenariat entre les communes volontaires et le PNC, où sont déployés les projets de développement durable.

 A Clermont-Ferrand, ce n’est plus seulement le fond d’écran qui est vert, aime à répéter son maire Olivier Bianchi. Au milieu des volcans d’Auvergne, la ville industrieuse et grise laisse, en effet, petit à petit la place à une métropole dans laquelle la nature a son mot à dire. « Un virage a clairement été pris ces dernières années, en termes de mobilités, à travers un rééquilibrage de la voirie au profit des transports doux et une multiplication des parcs (+25 % en gestation) », développe Grégory Bernard, adjoint en charge de l’urbanisme.

 ©juanjerez

Londres, Paris, deux capitales, un tunnel et des liens. Celui qu’Alice Barrois, architecte, a régulièrement emprunté de 2014 à 2017 quand elle exerçait au sein de l’agence internationale Grimshaw dans le quartier de Farringdon ; ceux qu’elle a noués durant une expatriation choisie au pays de Lewis Caroll. Elle privilégie le studio anglais pour ses attentions écoresponsables, en phase avec ses propres aspirations : « J’ai toujours été attirée par les questions d’environnement. » Son DPEA Architecture post-carbone en atteste.

© Patrick Garçon

Directrice générale de la Fabrique de la Cité

Un polytechnicien, encore un… Il n’est pas rare d’en rencontrer dans les colonnes de Traits urbains. Mais celui-ci a mis son efficience intellectuelle au service de la création urbaine. Ancien élève de l’X donc, mais aussi ingénieur des Ponts et chaussées et architecte DPLG, Thomas Richez crée son agence en 1985 avec Edouard François et Bertrand Rubus, dans une approche globale : d’emblée, il s’intéresse à la fois à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage. S’ensuivront la conception de trois tours à Euralille, de l’ambassade de France à Singapour, d’une ville nouvelle en Malaisie, du quartier des Grisettes à Montpellier, mais aussi de projets de mobilités, domaine dans lequel l’agence fait référence. La liste est longue : les tramways du Mans, d’Orléans, de Brest, de Tours, de Casablanca, d’Angers, des pôles d’échange à La Baule ou Lens, des centres de maintenance à Bordeaux ou Champigny, mais encore la gare de Massy-Palaiseau du Grand Paris Express.

2022

 « L’évolution des stratégies foncières et immobilières des entreprises ferroviaires en Europe : une approche comparée » : tel est le sujet de la thèse en urbanisme entamée cet automne par Inès Delépine en Cifre avec SNCF Immobilier, au sein de la direction Transition,RSE et Innovation. La reconfiguration du rôle des opérateurs de transports dans l’aménagement du territoire et l’aménagement urbain, la recherche de nouveaux modèles de valeur… des sujets porteurs, à l’heure de l’indispensable renouvellement de la ville sur elle-même. (..)

« Notre métier c’est de loger des gens, l’humain est primordial. » Co-directeur général Promotion et aménagement du Groupe Giboire depuis mois 2021 avec Olivier Biancarelli - précédemment directeur général adjoint du groupe Engie -, François Giboire a été biberonné aux valeurs fondant la réussite d’une affaire familiale bretonne qui fêtera ses 100 ans en 2023. À 36 ans, le petit dernier de Michel Giboire, président du groupe spécialisé dans la construction de logements premium, défend la vision altruiste de la promotion apprise de ses aînés. « Construire la ville est un engagement citoyen, nous y laissons notre patte, cela implique de faire des choses pérennes et harmonieuses. » (...)

Un littéraire et un scientifique (Master d’urbanisme et d’aménagement à Paris 4-Sorbonne pour Timothée Turquin, ESTP pour Vivien Garié) : c’est le cycle d’urbanisme de Sciences Po qui les a rapprochés dans « une envie commune de dézoomer un peu pour nous intéresser en premier lieu à la question territoriale, même si l’on ne s’interdit pas d’aller sur d’autres échelles ». Après une expérience enrichissante chez Alphaville, les deux associés-fondateurs de l’agence Belvédère souhaitaient aussi « sortir de la posture de neutralité politique qui est souvent revendiquée dans le champ de la programmation urbaine, sans dogmatisme mais avec conviction ». Ils se revendiquent « d’un urbanisme tactique, capable, par le choix partagé d’un ensemble d’objectifs et de moyens, d’inscrire un territoire dans une trajectoire vertueuse » (...)

Tous trois issus d’écoles d’architecture à la fin des années 2000 (La Villette pour Andrej Bernik et Marcos Da Silva, Val de Seine pour Delphine Luboz), les fondateurs de Fieldwork Architecture s’associent en 2020. Dans l’intervalle, Andrej Bernik a travaillé chez Philippe Rahm puis en indépendant ; Marcos Da Silva a étudié la programmation architecturale et urbaine à l’Ecole d’urbanisme de Paris ; Delphine Luboz a additionné les expériences professionnelles axées sur les réponses aux besoins sociaux, dont quatre ans pour l’ONG Architecture for Humanity (...)

Les Marneurs est une agence d’architecture, de paysage et d’urbanisme cofondée en 2018 par trois associés, architectes et paysagistes. « Basée à Paris et Bruxelles, l'agence intervient sur un spectre large de projets depuis la maîtrise d’œuvre architecturale jusqu’à des études prospectives urbaines et territoriales. Elle travaille particulièrement sur les problématiques littorales liées au risque de submersion marine et d’inondation, l’une de leurs spécialités, en s’appuyant sur ce défi pour faire émerger de nouveaux récits et de nouveaux modes de gestion ou de mise en œuvre des projets », notait le jury du Palmarès des jeunes urbanistes 2022 dont ils sont lauréats, ce qui leur vaut de figurer pour la deuxième année consécutive parmi « les 100 qui font la ville ». (...)

Tous issus du Master Stratégies territoriales et urbaines de Sciences Po, les six jeunes urbanistes de La Traverse (lauréats du PJU 2022), ont commencé leurs parcours en empruntant deux voies différentes. Ils avaient créé l’association Villes et décroissance pour s’autoformer sur les enjeux écologiques et sur la ruralité, thèmes insuffisamment présents à leurs yeux dans la formation, et pour échanger et transmettre. Afin de poursuivre directement l’aventure, trois d’entre eux, Maxime Verdin, Alexia Beaujeux et Solène Cordonnier, se sont lancés dans un tour de France des campagnes « à l’issue duquel nous avons écrit un bilan qui a permis de retracer ce qui faisait que les dynamiques de transition fonctionnaient plus au moins, voire quels étaient les invariants du succès de la transition dans les territoires ». Cela leur a permis de fonder leur méthodologie. Progressivement Félix Vève, Maud Picart et Victor Fighiera les ont rejoints après de premières expériences respectivement au Centre ressources sur le développement durable (Cerdd), à l’Atelier d’architecture autogéré et à la Communauté urbaine de Dunkerque. La Traverse est née en 2019, à Poitiers, et développe trois principaux modes d’intervention ; accompagner des territoires dans le renforcement de leurs dynamiques locales de transition ; former aux enjeux écologiques ; porter la voix de la ruralité (...)

Jean-Philippe Bouillé adjoint à l’urbanisme à Mulhouse : voilà une réalité qui relève presque du contre-intuitif, tant le parcours dans le management d’entreprise de l’élu et son origine francilienne ne l’y prédestinaient pas. Mais l'installation à Mulhouse avec son épouse en 1999, au gré des étapes de carrière l’ayant amené à prendre des responsabilités au sein du groupe pharmaceutique Novartis à son siège à Bâle 30 kilomètres plus loin, a été pour lui une révélation. « Nous sommes venus sans a priori sur l’image de la ville et nous sommes tombés sous son charme particulier, celui d’une cité à la riche histoire humaine, architecturale et industrielle », se souvient-il.(...)

Une tête pensante particulièrement bien faite est passée de l’autre côté de la fabrication de la ville. X-Ponts, Berkeley, Ecole d’architecture de la ville & des territoires : l’ingénieure et architecte multi-diplômée Chloé Clair a d’abord arpenté le monde et les échelons hiérarchiques des majors du BTP  - Bouygues puis Vinci - pour faire pousser les immeubles et les infrastructures et commencer à les rendre moins gourmands en carbone. Puis elle a quitté cet univers fin 2020, pour rejoindre la jeune pousse namR. Elle a tourné la page sans amertume ni fâcherie, mais mue par le sentiment qu’il lui « fallait aller vers autre chose, de plus souple, pour contribuer à l’indispensable montée en puissance de la transition écologique ».(...)

C’est un ingénieur et consultant qui a été choisi par le jury du Grand Prix de l’urbanisme 2022, le 29 juin, pour sa « démarche pionnière sur l’ingénierie environnementale des projets architecturaux, urbains et territoriaux », « sa double approche d’ingénieur et de concepteur, et son positionnement de conseil et d’assistance à maîtrise d’ouvrage, [qui] lui permettent de réinterroger les projets à l’aune de solutions innovantes mais aussi contextuelles voire vernaculaires. Ses réalisations démontrent qu’il est possible de proposer des projets énergétiquement plus sobres, plus résilients face au changement climatique, mais aussi plus agréables à vivre ».(...)

C’est à l’Essec qu’a pris forme l’intérêt de Céline Crestin pour la ville, dans le programme de la chaire d’économie urbaine, qui lui a ouvert « tout un champ d’action ». Un début de parcours professionnel chez Renault lui procure « une expérience intéressante de pilotage de projets complexes ». Mais après cinq ou six ans, elle revient à l’aménagement et l’immobilier, et complète sa formation avec le Master d’urbanisme de Sciences Po Paris. Elle rejoint le secteur de l’immobilier et de l’aménagement, chez Citadis, Sem détenue par le Conseil départemental du Vaucluse et la Ville d’Avignon, puis chez Sogeprom.(...)

Elle était donnée possible Première ministre. Rattrapée par certaines prises de position sociétales, Catherine Vautrin a néanmoins hérité de ce qui est plus qu’un lot de consolation : la présidence de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, depuis le 31 août. Elle a succédé à Olivier Klein, nommé ministre délégué chargé de la Ville et du logement. Sur sa feuille de route, la poursuite du NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement urbain), « un travail essentiel de l’Anru et de ses partenaires dans l’amélioration du cadre de vie de cinq millions de nos concitoyens », souligne-t-elle. Lancé en 2014, le NPNRU doit s’achever en 2030 et concerne 450 quartiers. Son budget avoisine 12 milliards d’euros de subventions financées par Action Logement (8,4 milliards), les bailleurs sociaux (2,4 milliards) et l’Etat (1,2 milliard). Ces travaux ont vocation à générer 50 milliards d’euros d’investissement, tous financeurs confondus (collectivités locales, bailleurs sociaux, promoteurs). (...)

Ils et elles sont sept, tous associés à parts égales depuis 2019, tous architectes. Les fondateurs et fondatrices de l’atelier d’architecture et d’urbanisme Commune (lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2022) se sont rencontrés à Lyon dans les années 2015-2016 et y sont installés. Un rapprochement amical et professionnel notamment à travers le Café de l’Architecture - lieu d’échanges lyonnais dont ils restent des membres actifs -, les a amenés à construire une culture – commune donc – autour de valeurs partagées et d’une méthode de travail fortement structurée par le collectif. Chaque projet d’architecture, de patrimoine ou d’urbanisme est ainsi confié a minima à un binôme, ou davantage suivant les échelles et la complexité des sujets (...)

Plus brillante tu meurs ! A 30 ans, Marion Waller a déjà accompli plusieurs carrières. Titulaire d’un master en gouvernance des grandes métropoles obtenu à Sciences Po, elle collabore dès 2014 avec Jean-Louis Missika, adjoint en charge de l’urbanisme à la mairie de Paris, avant de devenir la directrice adjointe de son cabinet, puis conseillère d’Anne d’Hidalgo pour l’architecture, le patrimoine, la rénovation énergétique des bâtiments et le paysage. Le talent de Marion Waller se révèle en particulier dans la mise en œuvre du concours « Réinventer Paris ». Modifier les règles n’est jamais facile, il faut expliquer, argumenter et faire fi des critiques. Mais cette joueuse de football sait que le collectif n’est pas forcément synonyme de consensus. En revanche, elle croit « encore à la force du politique pour changer les choses ».(...)

Au terme de trente ans d'une carrière consacrée à la finance, au marketing digital et à la banque en ligne, Sophie Grenier est partie dans les bois. Durant la canicule de 2019, son ami Olivier de Montety, conseil en stratégie et développement de start-up, navré de voir dépérir les arbres de sa propriété du Loir-et-Cher, a monté le projet un peu fou de réaliser trois mille plantations. Ils ont cofondé en avril 2020 la société Trees Everywhere, basée à Marseille, qui se propose de planter pas moins... d'un milliard d'arbres en ville.(...)

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains