Séverine CHAPUS Séverine CHAPUS © DR

A la tête de la toute récente direction des grands projets mixtes de BNP Paribas Real Estate, Séverine Chapus, qui a dirigé les programmes d’investissements d’avenir consacrés à l’innovation urbaine pour le Commissariat général à l’investissement, explique comment les appels à projets comme « Réinventer Paris » ont bouleversé les modes d’action des promoteurs.

Votre arrivée au sein de BNPP RE correspond à la création, en septembre, du service que vous dirigez. Pourquoi une direction des grands projets mixtes ?

La direction des grands projets mixtes est en place depuis la rentrée 2018, directement inspirée de l’expérience acquise par les équipes de BNP Paribas Real Estate sur les appels à projets urbains innovants du type « Réinventer Paris ». La mixité dont il est question est avant tout une mixité d’usages. Pour ces appels à projets, on part des usages et de leur évolutivité, pour ensuite déterminer le programme. Ce type de compétition a complètement modifié nos modes de faire le projet. D’une part, nous plaçons au cœur de la démarche les partenariats avec avec la présence, dès l'amont et jusqu'à l'aval des projets, des investisseurs, des équipes de conception, des usagers et des exploitants. D’autre part, en interne, il faut faire jouer toutes les synergies du groupe et notamment des directions Promotion Immobilier résidentiel et Immobilier d’entreprise et du Property Management pour renforcer la maîtrise d’usage des quartiers développés. A titre d’exemple, le projet de ville multistrates - Ternes Villiers, lauréat de Reinventer Paris, est développé suivant ces principes.

C’est le seul type de projets sur lequel travaille votre direction ?

Non, il y a deux autres types de grands projets mixtes. D’abord, il y a les cessions, souvent par appel d’offres également, de grands propriétaires fonciers publics ou privés, comme la SNCF par exemple. L’envergure de ces projets implique la mixité, car leur impact est urbain. Et bien sûr, on n’envisage plus, aujourd’hui, de grands quartiers monofonctionnels. D’autre part, notre équipe va aussi s’intéresser à des fonciers privés de moindre taille, mais qui, si l’on prend du recul et que l’on mène une réflexion à l’échelle du quartier, peuvent être les pièces d’un puzzle urbain auquel il faut donner un nouveau sens, un autre souffle. En mêlant les enjeux (mobilités, aménités et espaces communs), en remembrant les fonciers, ou encore en menant un projet multi-sites…

En quoi votre parcours vous sera-t-il utile à la direction des grands projets mixtes ?

Mon passage au Commissariat général à l’investissement a été une expérience riche : notre travail consistait à rendre possible des projets de territoires innovants, et nous disposions des moyens nécessaires, ce qui n’est pas toujours le cas ! J’en retiens que les projets qui fonctionnent sont ceux qui parviennent à mobiliser, dans la durée, tout un écosystème d’acteurs : les collectivités et leurs habitants, de jeunes entrepreneurs qui bousculent les codes, des chercheurs et des grands groupes, qui vont pouvoir porter les projets et en garantir durablement la qualité.

Vous avez aussi été en charge du développement d’une offre de gestion digitale des territoires, pour Dassault Systèmes…

C’est une expérience qui me permet aujourd’hui d’envisager en miroir la ville physique et la ville digitale. Pour le dire autrement, il s’agit de transformer notre expérience de la ville grâce à une gestion digitale de services et de ressources. Notre approche des grands projets urbains inclut nécessairement ce socle digital.

TERNES Jacques Ferrier Architectures bis

BNPP RE est lauréats de Réinventer Paris sur le site des Ternes. © Jacques Ferrier Architectures

 

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