Julien NEIERTZ Julien NEIERTZ © DR

Le collectif Métropop s’est donné comme objectifs de faire bouger l’image de la banlieue et de créer de l’adhésion territoriale, alors que le Grand Paris se dessine. Rencontre avec le délégué général de l’association, Julien Neiertz.

Dans quel contexte a été fondé Métropop, et dans quel but ?

Nous sommes six cofondateurs, la plupart passés par la mairie de Gennevilliers. Nous avons eu envie de changer les représentations de la banlieue. Car même si nous ne nions pas qu’il y existe des problèmes, sociaux et urbains, on ne peut pas tout faire reposer sur les habitants. C’est stigmatisant et une source de souffrance pour eux. Nous avons donc créé Métropop en 2010. Au départ, nous voulions valoriser la banlieue à travers sa mémoire, sa culture, ses références communes. Puis quand est arrivé le Grand Paris, nous nous sommes rendus compte que c’était peu compréhensible pour la population. Nous avons alors développé la Metrobox, une boite à outils pédagogiques, avec des jeux, des illustrations. Nous cherchions à répondre à des questions hyper concrètes. Est-ce que je vais pouvoir trouver du boulot grâce au Grand Paris ? Est-ce que le prix du billet de train va augmenter?

Et d’un point de vue personnel, pourquoi Métropop ?

Je suis également passé par Gennevilliers, où j’étais responsable du service jeunesse. Puis quand j’ai repris mes études en 2009 (un master d’anthropologie sociale à l’EHESS) mes recherches portaient sur la construction de l’image de la banlieue à travers le cinéma d’après guerre. J’ai étudié des films comme Casque d’or de Jacques Becker, Terrain vague de Marcel Carné, la Haine de Mathieu Kassovitz ou l’Esquive d’Abdellatif Kechiche. Ou comment pendant cinquante ans s’est forgée la représentation d’une classe sociale : celle du jeune de banlieue, dont le destin semble toujours condamné, avec une récurrence de l’échec. Cela forge les mentalités.

Comment travaille Métropop aujourd’hui, huit ans après sa création ?

Nous sommes entrés dans une nouvelle phase avec des programmes de recherche. En ce moment, nous avons par exemple monté un bureau d’étude éphémère à Pantin-Aubervilliers, « Grand Paris : du travail pour tous ?! » pour évaluer les impacts du Grand Paris, notamment en termes d’activités et d’emplois chez les jeunes. En parallèle, nous sommes en train d’imaginer un tiers lieu de l’habitat durable, autour des questions de transition écologique. L’idée est de placer un chercheur dans un appartement-atelier, et qu’il puisse travailler avec toute la chaîne, des habitants aux concepteurs. Ce qui nous paraît important chez Métropop, c’est le décentrement. Permettre à chacun de sortir de son rôle et modifier la façon dont on fabrique la ville. Un territoire doit se construire ensemble et il y a aujourd’hui de moins en moins de volonté d’associer les parties prenantes autres que les institutions. Il faut donc créer du lien, de l’adhésion territoriale, pour favoriser ce que l’on appelle une démocratie par les pieds.

Neiertz balade urbaine bis

Julien Neiertz, à gauche, lors de l'atelier de production « Les samedi du projet métropolitain » avec la Ville de Paris - octobre 2015. © Métropop!

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains