Guerric PERE Guerric PERE © Stéphane LÉGER

Le paysagiste lyonnais considère la place donnée au vivant comme un puissant levier d’équilibrage des fonctions urbaines.

Après des études de géographie et d’aménagement du territoire à l’université Aix-Marseille – Provence, Guerric Perré intègre l’Ecole du paysage de Versailles et reçoit le titre de paysagiste DPLG en 1983. En 1987, il fonde à Lyon l’agence de paysage Ilex, en association avec Martine Rascle, paysagiste DPLG, et développe sa structure « comme un véritable lieu d’échanges et d’expérimentations autour de l’espace public urbain ». Lauréat du concours du parc de la Feyssine à Lyon-Villeurbanne, il explore à l’occasion de ce projet la thématique de la « nature urbaine ». « La place donnée au vivant représente un des leviers les plus puissants de médiation et d’équilibrage des fonctions urbaines », explique-t-il. « Chacun de nos projets devient une opportunité de climatiser, de diversifier les milieux et d’inventer des lieux d’accueil du public singuliers ». A partir de 2005, les questions liées à la mobilité prennent une importance nouvelle dans l'approche de Guerric Péré avec, entre autres, la réalisation de la ligne de tramway T4 à Lyon. Il travaille en France, mais aussi à l’international, avec la réalisation de concours et projets à Monaco, en Suisse, dans le golfe persique (Ryad, Dubaï), en Chine ou encore au Liban.

Les projets de l’agence affirment un point commun : « l’espace urbain dense et la nature convergent à toutes les échelles dans la recherche d’équilibre et de confort. La justesse environnementale, climatique et fonctionnelle est sans cesse sous-tendue par la nécessité de qualifier et personnaliser les lieux ». « Faire la ville », c’est, selon le paysagiste, « révéler l’espace public : les dynamiques urbaines actuelles interrogent le réseau des espaces non-bâtis et ouverts. Souvent perçus comme intermédiaires, ce sont pourtant les lieux de tous les échanges, de tous les flux, et des services indispensables à nos activités et notre qualité de vie. Cette géographie interstitielle, omniprésente mais diffuse, insaisissable, mêle des espaces, fonctions et statuts extrêmement variés et conditionne notre confort au quotidien ». Ilex considère ces espaces intermédiaires comme « de véritables équipements à ciel ouvert » et propose « une approche transversale et participative de l’aménagement des espaces publics, en visant toujours le plus grand bénéfice pour l’usager final ».

« Faire la ville », c’est aussi « croiser les approches » : « considérant ces espaces urbains comme de véritables biotopes en perpétuelle mutation, spatialement et socialement ». L’équipe d’Ilex met en avant « la pacification, qui interroge la façon de concevoir et de gérer les infrastructures, de libérer et de partager les espaces entre les différents modes de mobilité, afin de diversifier et optimiser les surfaces disponibles ; la climatisation, qui reformule dans son épaisseur la constitution du socle urbain à travers la renaturation des sols, de leur fertilité, la dépollution et la perméabilité – ce socle fondateur organise le confort de base, l’oxygénation et l’ombrage et les services rendus aux publics – ; l’optimisation des services offerts aux publics, qui s’exprime concrètement à travers la création et l’organisation des équipements, du confort et de l’éclairage. Elle anticipe les usages de demain et participe à la recherche de l’identité et l’attractivité de chaque lieu ». Ce qui ne va pas sans respecter « la primauté du dialogue co-développé avec les acteurs et gestionnaires, afin de partager en amont la performance, la meilleure économie de moyens et la durabilité des solutions ».

Guerric Péré veut être optimiste : « nous sommes persuadés que le stress infligé à notre environnement quotidien par les changements climatiques et la nécessaire densification urbaine est pour partie soluble dans les attentions et l’inventivité portées à la performance des espaces de liaison et d’usages. Des espaces qui deviennent ainsi paysages ».

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Reconquête des berges de Seine, rive gauche. © Stéphane Léger

Les 100 qui font la ville

Les 100 qui font la ville, un hors-série du magazine Traits Urbains